Procès de Bordeaux
Après le Débarquement, la division SS Das Reich sème la terreur dans le Sud-Ouest.
Le 10 juin 1944, à Oradour-sur-Glane,elle mène une expédition punitive dans la commune d’Oradour-sur-Glane, dans le Limousin.
Elle tue 642 personnes. Parmi les soldats, de jeunes incorporés de force alsaciens. Parmi les victimes, 40 réfugiés lorrains et 9 Alsaciens.
Avec méthode et détermination, les soldats reçoivent l’ordre d’encercler la ville et d’en interdire toute entrée et sortie. Toute tentative de résistance se solde par une exécution. Deux groupes sont constitués, les hommes d’un côté, les femmes et les enfants de l’autre. Les premiers sont fusillés, les seconds sont mis à mort dans l’église.
Parmi les soldats de cette Division, des Malgré Nous sont sur le banc des accusés aux côtés des Allemands. Les officiers commanditaires brillent par leur absence. Un drame qui en soulève un autre, celui de l’annexion nazie de l’Alsace et de l’incorporation de force.
La France vit un véritable cauchemar. La douleur et la souffrance des survivants et de leurs familles et celles des Alsaciens incorporés de force dans les Divisions SS.
Le verdict du jugement est rendu le 11 février 1953.
Des manifestations ont lieu notamment à Bordeaux pour s’insurger contre des sentences jugées trop clémentes. Des décorations militaires sont renvoyées…
En Alsace, ce jugement est ressenti comme une injustice. Le drame des Malgré-Nous n’a pas été compris. La population, consternée, prend le deuil. Une journée morte est déclarée en Alsace où les cloches sonnent le glas. Les drapeaux sont mis en berne, les livrets militaires brûlés, les décorations militaires renvoyées. Le monument aux morts de la Place de la République à Strasbourg est couvert de crêpe noire.
La cohésion nationale recherchée au travers de ce procès n’a pas vu le jour.
Le gouvernement prend conscience qu’il est impossible de concilier deux réalités aussi douloureuses que sont le massacre d’Oradour-sur-Glane et le drame des Malgré-Nous. Il est amené à faire voter en urgence une loi d’amnistie le 21 février 1953 pour tenir compte de l’abandon de l’Alsace par la France en 1940 ainsi que la livraison de sa population aux lois nazies. En effet, des Français ont été obligés de combattre d’autres Français, en raison de l’incorporation de force à laquelle les jeunes Alsaciens ont été soumis. Tout acte pour essayer de s’y soustraire était puni de mort pour le réfractaire et étendait les sanctions à sa famille (Sippenhaft).
Un régime de terreur a conduit aux pires exactions et connaître ce passé, c’est perpétuer la mémoire des victimes pour éviter qu’il ne se reproduise.