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Question 6

Faut-il vraiment avoir une religion ?

Francis MESSNER

Faut-il avoir une religion ? Non, du point de vue sociologique puisque tout au long de l'histoire il y a toujours eu des personnes, des individus, des particuliers qui ont vécu sans avoir de religion, même quand les religions étaient majoritaires et fortement implanté dans un pays. Non, puisque juridiquement la liberté de religion est une liberté de religion positive, c'est-à-dire avoir le droit d’être affilié à une religion, de transmettre cette religion de la communauté, mais également le droit - c'est la liberté de religion négative - de ne pas avoir de religion. Donc effectivement on peut vivre sans religion et le fait ne pas avoir de religion, comme le fait d'avoir une religion, est protégé par les droits fondamentaux. 

Messner 06

Valentine ZUBER

Alors, cette question est formidable parce qu’elle résume toute la complexité de notre société moderne et la différence qui existe entre les pays démocratiques, les États de droit et les pays à religion d'État où la société est extrêmement religieuse. En France c'est une question qui ne devrait pas se poser. Faut-il vraiment avoir une religion ? Non, la laïcité, y compris dans le régime concordataire en Alsace Moselle permet évidemment d'avoir une religion mais aussi permet de ne pas en avoir. Donc il n'y a pas de fatalité, il n'y a pas d'obligation d'avoir une religion, tout le système est basé sur la liberté personnelle et donc doit garantir à la fois le droit d'avoir une religion, de la pratiquer, mais aussi le droit au besoin de la quitter ou de changer de religion. Donc vous voyez bien qu’il n’y a pas une question de devoir avoir une religion, mais c'est bien son évolution personnelle, son désir, sa pensée, son inclination qui doit déterminer si on veut suivre une religion ou pas. Et, de plus, si on veut avoir une pratique très religieuse, une pratique modérément religieuse ou pas de pratique religieuse. L'individu, la personne, le citoyen français, la citoyenne française sont libres de choisir leurs options, leurs convictions et leur religion. 

Zuber 06

Pierre KRETZ

Non je ne pense pas qu’il faille absolument avoir une religion. Avoir une religion ça suppose d’abord qu’on croit qu’il y a un dieu. Et si on pense que dieu est une invention de l’homme, on n’a pas besoin d’une religion puisqu’on ne croit pas en dieu. Ceci étant, je constate que depuis la nuit des temps l'humanité a besoin de croire en des dieux divers et variés, plus ou moins gentils, plus ou moins répressifs, plus ou moins bienveillants. Depuis que l’humanité en a besoin je constate qu’une grande majorité des humains ont besoin de religion. Et je le respecte si ces humains ne viennent pas m'embêter, ne viennent pas me chercher des noises parce que moi je n'en ai pas. Et ceci étant, je constate aussi que l'appartenance religieuse s'inscrit dans une histoire culturelle, moi je suis de culture catholique on va dire, et j'ai rompu avec l'Église catholique puisque je suis athée. Mais quelquefois je le regrette, c’est quand même la religion de mes ancêtres, je vais parfois dans de belles églises romanes, il y en a de très belles en Alsace comme chacun sait. Je vais dans ces églises non pas pour prier, mais je pense à mes ancêtres, en me disant que c’était important pour eux de venir ici. Puis je viens là non pas en pensant à Dieu puisque je ne crois pas en Dieu, mais en pensant à mes ancêtres. Et quelquefois j’envie ceux qui peuvent s'inscrire dans une tradition religieuse parce que ça les relie aussi au passé, s'inscrire dans une tradition religieuse ça les ancre culturellement, historiquement et familialement, je suis parfois un peu jaloux. 

Kretz 06

Sylvie LE GRAND

Vaste question, Zakaria, à laquelle je ne peux répondre sans décomposer, au préalable, certains éléments. Faut-il avoir une religion ? Avoir une religion, je pense que ce n'est pas une obligation extérieure, politique ou sociale dans les pays démocratiques qui ont ancré la liberté de conscience et de religion dans leur constitution, ou pour employer un terme métaphorique dans leur ADN. La liberté de ne pas croire est essentiel dans ces pays. Alors ce qui est évident dans certains pays n'est pas reconnu par d'autres, qui en revanche imposent leur religion, leurs normes religieuses à leurs citoyens, persécutent les autres croyances et criminalisent les personnes qui veulent changer de religion. Mais, autre élément de réponse, la question de Zakaria est posée de manière impersonnelle. Faut-il, est-il nécessaire en général ? Donc à cette question impersonnelle je répondrais non parce que la question de la religion, de la croyance religieuse est une question personnelle avant tout, très intime, qui touche éventuellement au cœur de ce qui meut une personne, qui l'anime. Pour avoir des éléments de réponse satisfaisants à sa question, Zakaria devrait je pense, peut-être interroger un échantillon de croyants ou non croyants divers, pour savoir ce qui les anime justement au plus profond d’eux-mêmes. Par ailleurs je pense que la question de la transmission est importante voire essentielle en matière de religion, plutôt que d'avoir une religion comme on a une voiture ou un chapeau, peut-être peut-on dire qu'on naît, au sens de naître bien sûr, qu’on naît ou non dans une religion qui vous a été transmise par d’autres et que cette environnement vous apporte ou non des réponses fortes aux grandes questions de l'existence. Alors ça peut être un réconfort, une nourriture spirituelle au quotidien, mais je veux dire, il vous apporte ou non, il est toujours possible aussi d'avoir reçu quelque chose en héritage dont on se démarque par la suite, pourquoi pas. Mais en tout cas dans ce sens de la transmission, dans le sens positif d'une possible réponse forte apportée aux questions d'existence, je pense qu’il est possible pour un croyant de répondre oui, à moi personnellement, pour moi personnellement, la richesse d'un héritage religieux est indispensable à ma vie en plénitude. 

Le Grand 06

Lucien JEAUME

Alors, cette question : faut-il avoir une religion ? Cette question posée par un jeune enfant est une question tout à fait légitime et il faut s'interroger en effet en ce sens, et ma réponse est : absolument pas. Absolument pas sur un plan général d'abord, en précisant ce serai rendre inefficace et dérisoire la liberté de conscience. La liberté de conscience elle est inscrite dans la constitution, nous l’avons vu article 2, et elle est inscrite aussi dans la loi de 1905 qui règle la séparation entre les Églises et l'État et cette loi mis fin au concordat de Napoléon. Donc Aristide Briand, le père de la loi 1905, considérait qu’en fait la séparation allait donner toutes liberté à l'église catholique, ce qu’aujourd’hui d’ailleurs l’église dit elle-même, cette laïcité a donné toute liberté à l'église catholique. Et considérant en même temps que c'est l'achèvement du grand principe de liberté de conscience qui a été si difficile à obtenir en France, si l’on songe par exemple aux guerres de religions du 16e siècle, où des milliers de gens, catholiques et protestants se sont tués se sont coupés en morceaux littéralement, à l'épée, au sabre, se sont coupés en morceaux notamment dans les rues de Paris mais aussi ailleurs en France. Donc faut-il vraiment avoir une religion ? Non. Personne ne peut nous faire l'obligation d'avoir une religion à la différence de certains pays où, aujourd'hui déchiré, vous le savez, par des troubles absolument tragiques, notamment pour la condition féminine. Nul ne peut nous obliger à avoir une religion ou avoir telle religion précise. Nul ne peut nous obliger à n'avoir aucune religion non plus, attention. Et ces trois cas je répète, se sont produits dans l'histoire française et je répète qu’ils ont conduit à des drames comme ces guerres de religion ou comme l'expulsion des protestants de France par le roi Louis XIV. Une énorme bêtise et une immense tragédie, n'est-ce pas, qui a retenti sur la communauté protestante jusqu'à nos jours. Ou les conflits sanglants sous la Révolution lorsque des prêtres ont été assassinés déportés etc. Ou lorsque l'État a voulu, au début de la Révolution, régenter l'Église catholique, c’est la constitution civile du clergé qui a été, à mon avis, puisque je suis historien de la révolution française, à mon avis une catastrophe. Ou lorsque les athées ont voulu sous la Révolution supprimer totalement les prêtres, la religion etc. Donc nous venons de loin pour cette question d’imposer ou pas une religion, nous venons de loin, nous avons porté la faute de certains régimes, de certaines tentatives. Alors le fond de cette question, ça dépend de chaque homme de chaque femme, de chaque enfant, la question n'est pas, faut-il avoir une religion ? Mais la question c’est d’abord, est-ce que je ressens ce besoin de religion ? Et ensuite la question est, pourquoi je ressens ce besoin vers quelle religion plutôt qu'une autre ? Puisqu’en France nous en avons trois ou quatre, trois ou quatre possibilités si on considère le bouddhisme comme une religion ce qui n’est pas sûr, ça fait une quatrième possibilité. Judaïsme, protestantisme, catholicisme, on peut mettre le bouddhisme, j'ai oublié l'islam et l’islam bien entendu. Encore une fois, et pour terminer, cette liberté provient de l'un des acquis les plus formidable de la civilisation moderne et que nous devons défendre bec et ongles, la liberté de conscience.

Jaume 06

Eliette ABEDECASSIS

Faut-il vraiment avoir une religion ? Non, il ne le faut pas vraiment, ou alors parfois il ne le faut vraiment pas, quand cette religion est oppressante, discriminante et violente, ou qu'on la vit comme quelque chose de violent. Non, il ne faut pas avoir absolument une religion, on peut en avoir, c'est un choix. Je crois que c'est important que ce soit un choix, vraiment, vraiment individuel. Ça ne peut pas être un choix collectif sinon ça devient une forme de pression sur l'individu, donc c'est vraiment très personnel, la religion c'est intime, c’est chez soi, c’est en soi, ce n’est pas politique. Le problème c'est quand la religion devient politique ou la politique devient religieuse et là et bien, c’est une forme de dérive vers un totalitarisme de la pensée, de la croyance. Donc il faut garder ce choix comme un choix absolument libre, ne l'imposer à personne et le garder pour soi. Il faut absolument être moral, je pense qu'il faut absolument avoir une forme de spiritualité ou une autre, mais une religion non. 

Abecassis 06

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